Interview de Gérard Glatt, lauréat du premier prix littéraire 2017
Retour à Belle étoile, édité aux Presses de la Cité en 2016
Stéphane Ternoise, pour le salon du livre du net :
- A 33 ans, sortait votre premier roman, « Holçarté », chez Calmann-Lévy, 1977. Quel souvenir ? Quel accueil ?
Gérard Glatt : -
Quel souvenir ? L'un des plus beaux de ma vie. Mais je dis ça à chaque fois qu'un livre sort, comme je le dis à chaque fois qu'un éditeur m'apprend que mon manuscrit a été retenu. En l'occurrence, pour « Holçarté », mon éditeur était Roger Vrigny, prix Femina tandis que je l'avais en classe de première comme professeur de latin/français, et, plus tard, Grand Prix de l'Académie Française. A cette époque il était devenu directeur littéraire chez Calmann Lévy. C'est par hasard que je l'ai retrouvé là, mais il m'avait déjà lu lorsque j'étais dans sa classe. Avec lui, pour qu' « Holçarté » soit publié, j'ai travaillé comme un fou. J'étais heureux. Le manuscrit avait été soumis à des gens comme Frédéric Vitoux, Alain Bosquet. Lors de sa sortie, le livre a été bien accueilli. Certains critiques, me comparant entre autre à Henri Bordeaux, me promettaient un bel avenir. L'Académie Française était à ma portée. A ce moment, j'avais si peu confiance en moi - ce qui ne m'a jamais quitté -, ces compliments me faisaient plutôt sourire.
Pause vidéo : sa venue au salon du livre de Montcuq en Quercy Blanc, invité d'honneur
- Puis 31 années se sont écoulées avant la publication du deuxième. Je vous suppose happé par « la vie professionnelle »... En fut-il ainsi ?
Gérard Glatt : - Oui, certainement. En fait, je n'ai pas eu le courage de ma vocation. Pas eu le front de lui répondre. Comme je le dis souvent, je n'ai jamais su faire qu'une chose, je n'ai jamais eu dans l'idée qu'une chose : écrire. Ça a commencé j'avais six, sept ans. Ensuite, jusqu'à aujourd'hui, je n'ai fait que ça, profitant du moindre instant disponible. J'ai quitté l'administration des douanes, très vite. Au bout de trois ans, quatre ans. Dès que j'avais cinq minutes, j'écrivais. Des poèmes, des nouvelles, un roman. J'y ai rencontré un très bel écrivain, il avait une plume extraordinaire, d'une finesse incroyable : Pierre Silvain. Lui et Roger Vrigny m'ont suivi, m'ont lu, chacun jusqu'à sa disparition. A la mort de Vrigny, j'ai pleuré comme si j'avais perdu mon père. Peut-être davantage. A la mort de Pierre Silvain, j'ai cru que pour moi tout était fini... Happé n'est peut-être pas le mot juste. A 33 ans, j'avais une femme, une fille, je n'avais pas le droit, me semblait-il, de tenter le diable. La littérature ne nous aurait pas nourris. Aujourd'hui, je me dis que j'ai peut-être eu tort...
- Cette « vie professionnelle », finalement, vous la décrivez « peu satisfaisante »... Pouvez-vous nous en narrer quelques grandeurs et misères ?
- Ça me paraît difficile. Un seul exemple, tant pis si c'est un peu long, mais il ne nous éloignera pas de la littérature. J'ai quitté l'administration des douanes pour devenir conseil en commerce extérieur. Je ne m'occupais que d'affaires concernant le droit douanier. A cette époque, la réglementation des changes faisait partie intégrante de ce droit. Une réglementation qui prévoyait bien plus drastiquement qu'aujourd'hui ce que chacun avait le droit ou l'obligation de faire ou de ne pas faire en matière financière sous peine de supporter des pénalités exorbitantes, voire d'être poursuivi en correctionnel. Ainsi, un jour, je dois m'occuper d'une affaire concernant Patricia Highsmith, la célèbre écrivaine américaine. Qu'avait-elle fait de mal ? Elle habitait en France, près de Fontainebleau. Les douanes apprennent qu'elle touche des droits d'auteurs aux USA et qu’elle les y laisse. Il en est ainsi depuis des décennies. Et elle est bien loin de s'être jamais préoccupée d'une réglementation qu'elle ignore et qui lui impose de rapatrier en France l'ensemble de ses avoirs. On va de procès-verbal en procès-verbal. La pauvre est d'accord sur tout ce qui lui est demandé. Si elle doit rapatrier « son argent » en France, elle n'y voit aucun inconvénient. De toutes les façons, aux USA, ils ont payés les impôts. Pour l'administration, la question n'est pas là. Elle aurait dû... Et elle n'a pas... Point final ! Je fais de mon mieux, comme conseil, pour calmer le jeu. Patricia Highsmith a le sentiment qu'on lui en veut ; et que c'est bientôt la France entière qui lui en veut. Bref, au bout de X mois, on lui inflige une pénalité. Celle-ci reste modique au regard de ce que les textes prévoient. Entre temps, la malheureuse a tout rapatrié en France. Elle n'a pas fait que ça : dépressive, persécutée, dit-elle, elle a déménagé, s'est installée entre la Suisse et l'Italie, dans un patelin perdu. Par mon entremise, elle s'acquitte de sa pénalité. Six mois plus tard, la réglementation en cause est abrogée. Mais Patricia Highsmith ne se remettra jamais de cette mésaventure et ne reviendra jamais en France... Des affaires comme celle-ci, d'une flagrante sottise, pendant près de vingt-six ans, combien y en eut-il ?
- Durant ces trois décennies, écriviez-vous ?
- Je n'aurais pas vécu sans cela. Le besoin d'écrire, c'est ce qui coule dans mes veines. J'ai écrit toute ma vie. Bien avant « Holçarté », Charles Exbrayat, qui éditait au Masque, s'est intéressé à ce que j'écrivais. Des romans policiers. Si après « Holçarté » rien n'est sorti, c'est que chez Calmann Lévy, le gérant de l'époque, Alain Oulman, n’a pas accepté le manuscrit suivant. « C'est une injustice que vous faites », observa Roger Vrigny en ma présence. J'en fus profondément blessé. Alain Oulman avait sans doute ses raisons. Vrigny n'a pas voulu les connaître. Moi non plus. Il continua à me lire jusqu'à son décès. Mais je ne voulais plus rien présenter à d'autres éditeurs. La crainte d'une nouvelle injustice ? C'est probable. Une injustice, en tout cas, que j'aurai difficilement supportée, à laquelle j'ai refusé de me confronter. Alors, j'ai continué, continué... Puis rangé dans les tiroirs.
- Vous « revenez » donc avec « Une poupée dans un fauteuil », chez Orizons, en 2008... soit deux ans avant « la retraite »... Pourquoi et comment, ce retour ?
- Ma mère est décédée en 2002. C'était en janvier. Les conditions de sa mort m'ont bouleversé : au milieu de l'été 2001, elle tombe dans la rue, dévale un escalier, se casse à demi, le sang coule sur le trottoir... On me l'a raconté, je n'étais pas là. Elle était avec une amie de son âge. Toute apeurée. Ma mère souffrait, ne pouvait plus bouger, mais les passants, pressés de retourner au travail, ça devait être vers 14 heures, de se mettre à l'abri de la chaleur, circulent sans la voir ou, du moins, l’évitent, car s'ils la remarquaient ils seraient obligés de faire quelque chose. Et alors, ce serait l'embarras, déjà que leur propre vie... A ce moment, comme j'aimais à le dire, j'avais mes trois femmes, et avec elles trois j'étais bien : ma mère, ma femme, Madeleine, et, Marie, ma fille... Longtemps, je n'ai pas accepté que l'une d'elles fût partie... Et puis j'ai écrit les six derniers mois de sa vie... Et Pierre Silvain, après avoir lu « Une poupée dans un fauteuil » m'a dit lors d'un déjeuner, presque sévère, que ce texte, je ne pouvais le ranger si aisément, comme les autres. Alors je l'ai adressé à trois éditeurs, des petites maisons, et tous les trois m'ont dit oui. J'ai choisi Orizons, à cause de Daniel Cohen qui m'a fort gentiment répondu. Sa lettre m'a donné envie de le connaître.
- Puis vous enchaînez, jusqu'à ce jour, avec un roman environ tous les 18 mois... Avez-vous la sensation d'avoir vraiment trouvé votre voie ?
- Trouvé, non, certainement pas. Accepté, oui. Je crois, je suis sûr que le besoin d'écrire auquel je n'ai jamais voulu céder, par crainte, je l'ai dit, de ne pouvoir en vivre, ou vivre tout court, ce manque de confiance qui m'a toujours retenu et m'empêche encore d'être moi-même, m'ont empêché d'être ce que j'aurais pu être dans d'autres domaines. Dans mon travail, tout simplement. Car toute ma vie, je n'ai pensé qu'à écrire. C'était obsessionnel. Ça l'est encore. Qu'à la phrase qui devait suivre la dernière que j'avais écrite. Tous les jours, je ne pense qu'à ça. Sûrement, il y a là quelque chose de viscérale. Ne me parlez pas d'addiction... - « Retour à Belle Etoile », donc, publié début 2016 aux Presses de la Cité... Il s'agit d'un nouvel éditeur pour vous... Il s'est passé comment ce « retour dans une grande maison d'édition », presque 40 ans plus tard ?
- D'une certaine façon, je le dois aux éditions De Borée. Chez Orizons, j'ai publié trois romans, dont « Une poupée dans un fauteuil ». Et puis j'ai repensé à « Holçarté ». J'en ai repris les droits. J'avais le désir de le remanier. Je l'ai alors soumis aux éditions de Borée, imaginant une possible réédition dans leur collection de poche. Il a eu la chance d'être lu par mon éditrice actuelle, qui était alors éditrice des ouvrages « grand format » de cette maison. De Borée, ce n'était plus une petite maison. De plus, elle avait l'intérêt d'être connue de moi pour être sise à Clermont-Ferrand - l'Auvergne de mon épouse. « Holçarté » n'a pas été republié. En revanche, je l'ai réécrit totalement. Il est devenu « Le Temps de l'Oubli », paru en 2012. Puis il y en eut deux autres. Ensuite ? Et bien ensuite, j'ai suivi mon éditrice, devenue directrice littéraire aux Presses de la Cité... Comme vous voyez, cela s'est fait tout naturellement... Pour un auteur, travailler avec Clarisse Enaudeau est un vrai bonheur.
- Quelles étaient vos « intentions » en vous lançant dans ce roman ? Aviez-vous déjà la certitude de suivre cette famille sur plusieurs générations ?
- Mon intention première ? Ecrire une histoire simple. L'histoire de deux sœurs, Marguerite et Renée, que j'ai dû rencontrer pour la première fois en décembre 1973. Chacune avait alors autour de soixante ans et toutes deux étaient veuves. Depuis toujours, elles vivaient chacune sur un versant du val de Dore, dans un village coincé entre les monts du Forez et le Livradois. Deux fermes qui se faisaient quasiment face, éloignée l'une de l'autre de trois cent mètres à vol d'oiseau, mais de quatre ou cinq kilomètres si l'on suivait la route. Ce village, que j'ai baptisé Valliergue, n'est autre en fait qu'Olliergues. Ces deux sœurs, que ma femme avait connues étant enfant, m'ont inspiré leur histoire. Une histoire qu'elles n'ont pas vécue, que je leur ai imaginée...
- Naturellement, vous me répondrez sûrement que ce roman n'est pas autobiographique ?...
- Ma réponse à cette question ? La suite logique à ma réponse précédente. Je ne veux pas vous contrarier. Aussi, je vous réponds que non, ce roman n'est pas autobiographique. Et pour cause, né en 1944, je n'ai pu faire la dernière guerre. Pourtant, en relisant « Retour à Belle Etoile », si ce n'est pas moi que je retrouve à chaque page, n'en sont pas moins sous-jacents tous les faits, tous les événements, tous les êtres qui m'ont fabriqué, m'ont façonné au fil du temps. Jules Ferrandon, le père des gamines, ses évasions, la Résistance, sa farouche volonté, l'espoir qu'il met en Belle Etoile ? C'est évidemment mon père, tel que ma mémoire le retrouve, ou tel que j'aurais désiré qu'il fût. « Retour à Belle Etoile ", sans doute la quête du père, de ce père que j'aurais voulu aimer autant qu'il m'a aimé, alors que nous ne nous entendions guère. La relation aussi de ces amitiés, belles, qui m'ont soutenu et me soutiennent encore... En fait, j'avais dans l'idée d'écrire l'histoire des sœurs Ferrandon, donc de Marguerite et de Renée, déjà adultes ou sur le point de prendre leur envol. Ce n'est qu'au fil de l'écriture que l'idée s'est imposée à moi de leur donner des parents, et de donner à ces parents, Jules, Cécile, la maman, Louise, la grand-mère, une véritable existence. Marguerite et Renée, nées de rien ? Ça n'était pas possible. Pas plus que je ne puis parler de moi sans évoquer mes parents, mes grands-parents, mes frères, mon vécu dans son ensemble... Où puise-t-on l'imaginaire sinon dans la vraie vie ?
- Pourtant... Comme vous, Paulin nait en 1944, mais son destin est tragique... Est-ce une forme de retour à votre enfance, à une vie qui s'est jouée à presque rien pour les « enfants de 1944 » et plus généralement « les enfants de la guerre » ?
- Comme Paulin, bien sûr... Mon jeune frère, handicapé mental, né un an après moi, en juillet 45, et décédé alors qu'il n'avait pas encore trente-neuf ans... Et, oui, certains événements subis par Paulin, comme le fait d'être exclus de l'école publique, puis privée, parce que les parents de ses camarades de classe estimaient que sa présence ne pouvait que perturber la scolarité de leurs chers petits, mon jeune frère les a lui-même subi et, du même coup, mes parents également. Assurément, j'aurais pu être Paulin. Comme ma mère, mon père, et beaucoup d'autres, nous aurions pu disparaître, en juillet 44, sous les bombardements américains - j'avais alors trois, quatre semaines -, les cibles atteintes n'étant pas toujours celles qu'ils tentaient d'anéantir.
- Peut-on vous considérer nostalgique d'un monde disparu ?
- Nostalgique, c'est probable. Le monde tel qu'il se donne à nous aujourd'hui fait tout pour cela. Il me semble, n'en déplaise à beaucoup, que la bêtise humaine, le propre de l'homme plus que le rire - même les singes savent rire -, tout au long de ces dernières décennies, a gagné en ampleur. Elle s'impose comme un droit. Au même titre que la suffisance. Mieux et plus vite que la mauvaise herbe, elle se développe et prend l'intelligence au piège. Nostalgique, parce que je regarde souvent en arrière ? Mais c'est aussi ce qui me permet d'avancer. Et d'espérer. Sinon, aurais-je écrit « Retour à Belle Etoile » ? Car je ne désespère pas de l'être humain. Tout est cyclique. Je suis persuadé qu'à la sottise ambiante, tôt ou tard, se substituera un nouvel ère des Lumières. Nostalgique ? Sans doute. Mais notre époque est riche aussi, pourquoi le nier, de savoirs qui font rêver...
- Il y a par exemple les qualités de la viande des Salers, pour laquelle Jules est enthousiaste... Pourtant ces vaches ont failli disparaître... plus tard...
-
Vous voyez que j'ai raison ! Lorsque Jules Ferrandon décide d'élever des Salers, il n'a pas tort, au contraire. C'est la bonne idée ! Et puis, ensuite, vers les années 60, sauf erreur, on tend à les délaisser, jusqu'à ce moment où leur viande devient plus prisée encore qu'elle ne l'avait jamais été. Et alors on ne jure plus que par elles et leurs belles entrecôtes ! Tout est cyclique. Comme les marées. Au bout du compte, je crois que l’ordre du monde est raisonnable. L'homme n'y est pas pour grand-chose. Le monde est cyclothymique. Il a ses hauts et ses bas. Ses bons et ses mauvais jours. Nostalgique, parce que je n'ai pas l'impression que le monde, précisément, soit dans ses bons jours... Peut-être, je me trompe.
- Ce roman fut repris par « le Grand Livre du Mois », « A Vue d’œil » (édition en grands caractères) et « France Loisirs », puis finalement couronné d'un prix... Vous vous sentez sur un petit nuage ?
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Non, pas du tout. Je suis plutôt au comble de l'incertitude. Voire de l'insatisfaction. Je me demande pourquoi ? Et je reste sans réponse. Ce n'est pas vraiment confortable.
- Avez-vous parfois le regret d'avoir abandonné trois décennies à « la vie professionnelle » ?
- Cette question est une question fermée. Elle ne demande aucun développement. C'est un vrai plaisir que d'y répondre en peu de mots : Oui, j'ai le regret d'avoir laissé de côté pendant tant de temps ce pour quoi j'étais né. Le regret de n'avoir pas osé. D'avoir été peureux. D'avoir eu peur de vivre pleinement mon destin. De toute façon, c'est trop tard.
- Le 19 janvier 2017 sort, toujours aux Presses de la Cité, « Les Soeurs Ferrandon », c'est bien la vie de « nos jeunes héroïnes » ?
- Oui, vous y retrouverez Marguerite et Renée. Et Jean Chassaigne. C'est le roman que j'avais l'intention d'écrire lorsque j'ai entrepris ce qui est devenu « Retour à Belle Etoile ». A partir du 19 janvier, ces personnages que j'ai profondément aimés, que j'aime presque charnellement, ne seront plus vraiment les miens. C'est un peu une souffrance.
- Il y a donc « le livre chez l'éditeur »... et pouvez-vous nous ajouter quelques mots sur le livre « dans la plume » ? Il sortira quand ?
- Pour l’instant, je veux dire depuis le 5 décembre dernier, il n’y a plus de livre dans la plume. Je suis actuellement tout à vous, tout à mon éditeur… Depuis le 5 décembre, tout simplement parce que j’ai terminé le prochain roman ce jour-là, et que l’histoire que j’y raconte s’achève elle-même le 5 décembre 2016. Selon toute vraisemblance, il sortira au début de 2018. En revanche, je ne vous en dirai rien sinon qu’il est résolument « Noir ».
- Donc vous allez repartir « sur les routes », en dédicaces, promotions... Vous participez à de nombreux salons du livre ?
- Très peu de salons. Très peu de dédicaces. Je ne m'y sens pas trop à l'aise. Pourtant, cela me manque. Allez comprendre ?
- Vous avez également publié de la poésie et des contes... « la suite » vous la sentez également dans ces genres ou le roman va puiser l'ensemble de votre énergie créatrice ?
- Les contes, je ne sais pas. J’aurais aimé que les premiers fussent republiés avant de me lancer à nouveau dans la littérature destinée à la jeunesse. La poésie, elle, est toujours présente. Toujours, parce que mes premiers écrits ont été des poèmes. Ce qui n’est pas exceptionnel. En fait, je ne sais pas bien… Et puis arrive un temps où les jours, les semaines, les mois passent de plus en plus vite et où l’on se dit que l’on n’arrivera jamais à tout faire… Alors, faut-il vraiment se disperser ? En tout cas, si cela m’était permis, assurément, la poésie…
- En quatre décennies, vous avez donc connu « la révolution numérique », également pour le livre en papier. Qu'en avez-vous pensé et que pensez-vous du livre sans papier ?
- Mes manuscrits, je les ai encore. Pas tous. Je conserve peu. Mais, tout de même, j’en ai encore pas mal. Combien n’écriraient pas si l’on n’avait pas inventé l’ordinateur ? Tout jeune, je me souviens, lorsque j’écrivais, je n’avais qu’une idée en tête : la perfection ! la perfection ! et, par suite, faire en sorte que je puisse me lire et me relire sans mal. Aussi, comme je ne cessais de corriger chaque phrase, chaque alinéa, chaque paragraphe, et enfin chaque chapitre, vous imaginez que je n’en finissais pas de copier et recopier, et que ma prose, du même coup, n’avançait qu’à la vitesse des bœufs de labours. Lorsque l’ordinateur est arrivé, quelle souplesse ! Mais comme un bien est généralement sitôt suivi d’un mal, certains que rebutait l’écriture à la main de deux cents, voire trois cents pages, réalisèrent très vite que la persévérance des dinosaures dont je faisais partie et qui depuis toujours faisait obstacle à leur velléité, précisément cessait d’en être un… Une chose est sûre en tout cas : c’est sans rechigner, bien au contraire, que je me suis arrangé avec ce nouvel outil ! Malheureusement, j’utilise encore beaucoup le papier, notamment pour les corrections, toujours nombreuses. Quant au livre sans papier… Je ne sais encore qu’en penser… Laissons le venir, il n’est pas tout à fait là… Pour l’heure, parce qu’il est vivant, que je peux le toucher, le respirer, le manipuler à ma guise, le livre papier conserve mon entière confiance…
- Vous vivez entre Paris et la Bretagne... Vous ne connaissez pas notre Quercy... mais vous nous confirmez votre venue au salon du livre de Montcuq en Quercy Blanc le 13 août 2017 ?
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Assurément, je serai là. Et ce sera avec beaucoup de plaisir. A plus forte raison si je peux partager quelques moments avec des personnes qui auront déjà lu « Retour à Belle Etoile » et, pourquoi pas ? « Les Sœurs Ferrandon » également.
- Connaissez-vous, avez-vous lu, certains des précédents lauréats du salon du livre du net ?
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Notamment, je connais Antonin Malroux, pour avoir lu « Les chemins de la communale » et « La Noisetière ». Egalement Georges Flipo, Emmanuelle Urien et Roger Béteille, pour « La rivière en colère »... Je me promets de bientôt découvrir les autres.
- Et la question traditionnelle : "Qu'est-ce qu'un écrivain ?"
- Une page est consacrée à la réponse de Gérard Glatt...
- le 30 janvier 2017 à 10 heures 51
par Ruxandra : Bonjour,
Merci beaucoup de votre message. Une interview passionnante!
Ruxandra Magdalena Manea
- le 29 janvier 2017 à 14 heures 03
par Docteur Moussa DIAW : Encore une fois merci pour ce partage.
Docteur Moussa DIAW
Retour à Belle étoile, publié en 2016 aux Presses de la Cité.
Disponible en papier, prix éditeur 21 euros, sur
amazon.
Egalement disponible en numérique à 14,99 euros, par exemple sur
amazon.
Voir également la page du salon :
offres gratuites (note :
) avec ce texte.
Et Coup de projeteur (présentation du ministre : sur Jean-Louis Le Breton - lumière du Quercy Blanc
) .